Rencontre avec Sandra : «Au green care, je veux de la couleur»
Sandra a accepté de nous accueillir sur un site qui lui est cher, celui des Bioles. Une salle d’accueil flambant neuve, un apéritif qu’elle avait tenu à partager avec son hôte du jour et une pluie constante qui s’abattait sur les hauts de Conise : les conditions étaient réunies pour passer un agréable moment dans un des tout nouveaux local du foyer Tourmaline. Il ne manquait plus que la principale concernée, Sandra elle-même. Plongée dans un livre, elle n’a dans un premier temps pas souhaité se rendre à son rendez-vous, avant de se rétracter.
C’est que la résidente d’Aventurine avait aussi besoin de repos après sa rencontre avec le médecin et les activités du matin. Au programme de sa première partie de journée, l’entretien et l’analyse du jardin. «Sandra a cette capacité d’observation assez unique. Elle sait quoi cueillir et quoi planter en fonction de la période et de l’évolution de la plante», raconte la responsable du Green Care. «Ce matin, par exemple, j’ai remarqué qu’il était bientôt temps de semer les fameux haricots. Mais pas des haricots verts, surtout pas. Ici, il y a déjà bien assez de vert, argumente Sandra. Je veux des légumes de couleurs : de la chicorée rouge, des carottes de différentes couleurs… Des tomates, aussi : vertes, jaunes et rouges. Mais pas de zébrées, par contre. J’ai horreur de ça.»
Depuis le début
Avec Sandra, tout est passé au peigne fin. Elle a une vision claire de ce à quoi doit ressembler le jardin. Il faut dire que la résidente des Bioles connaît parfaitement les lieux, et que la nature lui est étroitement familière. « Je me sens bien ici. J’ai une très bonne relation avec les animaux. Et puis, lors de mes débuts à Concise, c’était du sept jours sur sept. Les choses ont désormais bien changé, c’est un peu plus calme. On peut se reposer le week-end. »
Sandra se souvient d’ailleurs très bien de son arrivée. C’était en 2002, lors du prélude des Bioles. «Avec Walther, l’ancien propriétaire du site, on passait de bons moments ensemble à fabriquer du fromage. Dire que c’était mieux avant ou maintenant ? Difficile à dire, il s’agit de deux époques différentes. Aujourd’hui, avec ce virus, les éducateurs n’ont plus le droit de partager les repas avec les résidents. Ça, c’est quelque chose qui me manque. Mais bon, que voulez-vous. Ces faits-là ne dépendent pas de nous.»
Curieuse et plutôt solitaire
Certaines choses l’irritent. La distance qui s’est installée avec les éducateurs en fait partie. Les invités qui débarquent sans cadeau ont également tendance à la contrarier. Pour avoir été son interlocuteur, j’en ai fait l’expérience. En fait, si Sandra insiste particulièrement sur ce point, c’est qu’elle s’apprête à souffler ses cinquante bougies l’année prochaine. Et elle tient à marquer le coup. «La prochaine fois que vous venez me voir, vous m’apporterez un cadeau, n’est-ce pas ? Avez-vous déjà une idée ? Sachez que j’adore les porte-clefs !»
Sandra, elle le dit elle-même, est d’un naturel curieux. «Je suis intéressée à savoir plein de choses, c’est aussi pour ça que je vous pose des questions. Au foyer, je suis plutôt quelqu’un de solitaire, j’aime faire les choses dans mon coin. En plus de la lecture, j’adore regarder des documentaires. Ceux qui traitent des animaux ou encore ceux qui présentent des pays étrangers.» Et avec les autres résidents des Bioles ? «La relation n’est pas toujours facile, surtout quand ils s’énervent. Parfois ça arrive et je ne suis vraiment pas à l’aise. C’était le cas lorsqu’un résident a lancé des plantes en bas les escaliers.»
Sa deuxième partie de journée s’annonce plus calme. Sandra risque de la passer aux côtés des animaux du site, à savoir trois moutons et deux ânes. «Bientôt nous aurons d’autres animaux. Des cochons devraient rejoindre la ferme. Et des chevaux, peut-être.» Aux Bioles depuis près de vingt ans, elle connaît parfaitement la maison. Tout comme les projets à venir de l’institution.