Portes ouvertes 2024

Nous remercions notre sponsor principal des portes ouvertes 2024

Concert des habitants de St-George en collaboration avec les concerts du coeur

Rencontre avec Frédéric : Le sourire en permanence

Lorsqu’il a été question d’arranger un rendez-vous avec Frédéric, les premières plages horaires mentionnées ont été celles du matin. Car Frédéric est un lève-tôt, le plus prompt du foyer Marais une fois le soleil levé. «Les oiseaux sifflotent pas mal le matin, donc je me réveille assez rapidement. Bon, il faut dire que je ne vais pas au lit très tard non plus.» La nuit, son sommeil est fluide ; il ne rencontre que très peu d’embuches. Un constat d’autant plus vrai que sa matinée du mardi est bien remplie. Après notre rencontre, Frédéric a rendez-vous au bassin pour y faire des activités aquatiques. Il tient donc à être en forme pour attaquer cette journée de la meilleure des manières.

Nous avons profité des quelques rayons de soleil, en début de matinée, pour nous installer sur la terrasse de son foyer. Frédéric s’y sent bien, et se réjouit déjà de prendre une photo dans ce petit jardin verdoyant. Nous évoquons l’activité qui l’attend, dans moins d’une heure. «Le bassin ? J’aime ça ! On fait des mouvements dans l’eau, raconte-t-il en imitant la nage de la brasse. On utilise également des petites balles, que l’on agite sous l’eau.» Le jeune homme a le sourire jusqu’aux oreilles. A St-George, et plus particulièrement au Marais, il se sent chez lui. Il a également connu le foyer du Parc par le passé. «Mais c’est véritablement au Marais que j’ai le sentiment d’être à la maison.» Pourquoi ? «Par ce que c’est comme ça», rétorque-t-il.

Des rêves plein la tête  

Frédéric n’est pas dérangé outre mesure par la pluie qui s’abat à répétition sur le Nord vaudois depuis plusieurs semaines. «Ce que j’aime faire, c’est me mettre derrière la vitre et observer la vitesse à laquelle les goûtes coulent.» Rarement contrarié, il ne s’oppose pas non plus au port du masque et y voit plutôt une marque de distinction. «Je les aime bien. C’est normal d’en mettre, après tout. Dans les hôpitaux, on met bien des masques.»

La cuisine constitue également l’une de ses activités préférées. «Avec Anna», détaille-t-il. Chaque jeudi, Frédéric part également accompagné d’un éducateur pour aller faire ses propres courses. «D’ailleurs, j’espère qu’il fera beau cette semaine. C’est toujours mieux. Un jour, j’aimerais pouvoir m’acheter une voiture. Une voiture orange. Mais une petite voiture, de la taille de la main.» Sur l’un des tableaux du salon sont inscrits les rêves de chaque résident. Au nom de Frédéric figure l’aspiration suivante : Je rêve de faire de la balançoire avec des enfants et de conduire une voiture.

Le contact facile

Malgré le masque, on devine un grand sourire. On le lit aussi à travers l’intonation de la voix, et ses réponses régulièrement tournées vers l’affirmative. Frédéric a le contact facile, que ce soit avec ses éducateurs ou avec ses compagnons de vie. «Je m’entends très bien avec Lucas, le nouvel arrivant, mais aussi avec Cathy. Du côté des éducateurs, j’adore Julian.» Avant de nous quitter, nous le prenons en photo dans le jardin en profitant du soleil qui irradie le coin. Frédéric s’empresse de venir voir le résultat. Il en est satisfait et souhaite le partager avec sa responsable. Un sentiment de fierté se diffuse soudainement.

Rencontre avec Arnaud : Aimer sans compter

Son arrivée à St-George, Arnaud s’en souvient très bien. C’était le 4 janvier 1993. «Un dimanche soir, précise-t-il. J’ai été accueilli par Rudolf et Christine, qui ont été mes deux responsables au foyer Tamaya pendant quatorze ans.» Arnaud réside désormais, et depuis seize ans, au foyer Envol. Il n’est pas le seul à porter ce prénom dans l’institution. Tous les deux sont très actifs au quotidien, se baladent très régulièrement sur le site d’Yverdon. Cet Arnaud-là a en revanche la voix qui porte, même lorsqu’il s’agit de nous raconter ses souvenirs.

Des souvenirs, il en a énormément. Ce n’est pas un hasard quand on sait que l’homme de 48 ans s’est toujours engagé pour cette institution qui lui est chère. «Un des moments phares, c’est la vente de Noël. Je m’occupe de gérer le parking. Et je peux vous dire que les gens roulent comme des malades. Parfois, c’est une question de vie ou de mort ! Mon rôle consiste à les calmer, à assurer la sécurité dans le parking.» Durant cet événement, Arnaud se sent à sa place. Il se sent reconnu. «Je dispose d’un équipement, composé d’un gilet et d’un talkie-walkie. J’ai le sentiment d’être pris au sérieux. Je vais même aller plus loin : une année, une personne m’a tout discrètement glissé une pièce de deux francs dans ma main. La somme n’a pas d’importance pour moi, mais le geste avait une valeur inestimable. Je me suis senti considéré. Pour vous dire, l’année suivante, au même endroit et lors de la même activité, j’avais les larmes aux yeux en repensant à cette scène.»

Bénévole au triathlon

Arnaud donne également de sa personne en dehors de la Fondation St-George. Une fois par année, il s’occupe de la sécurité pour le triathlon d’Yverdon-les-Bains. Là aussi, pas question de prendre son rôle à la légère. «Je suis encore plus impitoyable qu’à la Fondation, car là je collabore avec la police. Quand je dis : on ne traverse pas, alors personne n’a intérêt à traverser. Je troque ma personnalité un peu plus détendue pour en emprunter une autre, celle de l’homme sérieux. Si quelqu’un traverse lors du passage d’un athlète, vous savez qui c’est qui terminera vers le premier-lieutenant de police ?»

Mon handicap ne m’a jamais empêché de vivre, ni de faire des murs en pierres sèches. Et encore moins de jouer du violoncelle !

Arnaud

Arnaud aime s’engager pour des causes. La routine l’effraie, et il a parfois besoin de voir de nouveaux horizons. Tous les quinze jours, il se rend chez ses parents en Valais. «Je suis Valaisan et fier de l’être !» Un trajet en transports en commun depuis la Fondation qui lui prend presque cinq heures, mais qu’il entreprend avec grand plaisir. «Ce sont des moments qui me ressourcent. On fait des balades, mais des balades adaptées. J’ai une jambe plus courte que l’autre, alors je ne peux pas m’engager sur tous les itinéraires.» Arnaud n’a pas peur d’évoquer son handicap. Il ne le considère d’ailleurs pas réellement comme un frein dans son quotidien. «Cela ne m’a jamais empêché de vivre, ni de faire des murs en pierres sèches. Et encore moins de jouer du violoncelle.»

Le sport : un gros manque

La pandémie a bouleversé une grande partie du quotidien des résidents. Arnaud n’a pas été épargné par ce cataclysme. «Je dois reconnaître que, ce qui me manque le plus, c’est le sport. J’aime beaucoup l’athlétisme et la natation. Et le football, surtout. Sans ça, le temps est long, je me sens parfois mal. C’est une source d’énergie positive que de pratiquer ces activités.» Il fait d’ailleurs partie de l’équipe de football de la Fondation. Mais depuis quelque temps, les entraînements se font rares. «Je peux vous dire que l’on a une équipe très solide sur le papier. Khalid, un de nos responsables, m’a confié une fois : Arnaud, tu es un de nos meilleurs gardiens. Des footballeurs comme on a dans l’équipe ? Certains valent plus d’un million, c’est sûr.»

Le résident d’Envol se souvient d’une partie de football du côté de Bavois. Il s’y était rendu avec son équipe et son entraîneur. «Il faisait cinq degrés, autant vous dire que, quelques jours après, je suis tombé malade.» Un périple qu’il raconte aujourd’hui avec le sourire. Avec un brin de nostalgie, aussi. Plus son récit avance, plus on y devine la volonté de renouer avec cette pratique. «Mon vœu le plus cher ? Celui de trouver une équipe de football avec des personnes comme moi, en situation de handicap.»


Enfin Arnaud aime bien écrire. Avec une belle calligraphie, qui plus est. Il a tenu à nous partager l’un de ses textes, mettant en exergue son amour pour la nature.

Ô bonne Mère Nature

Je te remercie pour tout ce que tu fais pour nous, tes enfants ;

Grâce à toi nous pouvons vivre en bonne santé tous les jours et sans souci.

Mère Nature peut aussi causer des problèmes à l’Homme.

Mais est-ce que l’Homme se souvient qui est sa mère ? Et ce qu’elle fait pour le bien de l’Homme ?

Mais est-ce que l’Homme pense à la réaction de Mère Nature ?

Et n’oublions pas que c’est grâce à Mère Nature que l’Homme peut vivre.

Vidéo : rencontre avec Pascal !

La cafétéria réouvre ses portes !

Agréable surprise pour Yasmina à son retour de vacances. La résidente de la Fondation St-George a eu la confirmation de sa responsable en fin de semaine dernière : la cafétéria allait à nouveau se transformer en un lieu d’échanges et d’interactions, où la tenue de la salle et le service incombent aux résidents. C’était déjà le cas par le passé. Avant la pandémie, collaborateurs et bénéficiaires se retrouvaient en effet dans le bâtiment situé à l’entrée du site pour partager un repas ou une boisson.  

Grâce à l’assouplissement des mesures sanitaires, ce lundi coïncidait donc avec la reprise des bonnes vieilles habitudes pour Yasmina. Réveil matinal, préparation de la salle à manger, nettoyage du mobilier et service des cafés : autant de réflexes qu’elle avait dû ranger dans le placard depuis un peu plus d’une année. C’était déjà elle, tantôt avec le soutien d’autres bénéficiaires, qui s’assurait du bon fonctionnement de cette cafétéria. Lundi, elle a enfin pu remettre son tablier.  

«J’étais toute euphorique en me levant ce matin, raconte Yasmina. Je n’ai pas été très active ces derniers mois, si ce n’est lors de différents ateliers. Mais l’activité, d’un point de vue physique, n’est pas la même. Là, ça me fait vraiment du bien. J’étais contente de travailler ce matin. A tel point que je me suis réveillé encore plus tôt que d’habitude, toute heureuse de me rendre à la cafétéria.» Pour l’instant, Yasmina reprend du service les lundis matins. Cinq autres résidents se relaient le restant de la semaine, afin de faire de ce lieu un espace chaleureux et convivial.

Dans un premier temps, elle exercera cette activité uniquement durant la matinée. «Les choses se remettent gentiment en route. On verra comment ça se passe par la suite. Je suis assez flexible et ça ne me déplairait pas de venir là encore un peu plus souvent.» Sa première matinée de travail, Yasmina l’a parfaitement vécue. Elle s’est montrée souriante et appliquée, pour le plus grand plaisir des personnes venues déguster un café. «J’ai l’impression que les gens étaient contents de retrouver ce lieu, oui. J’en ai même vu certains venir boire un peu plus de cafés que d’habitude !»

A plus long terme, l’idée est aussi de développer les services proposés à la cafétéria, en renouant par exemple avec la confection de jus de fruits, comme par le passé. Une excellente idée, à l’approche des beaux jours.

Rencontre avec Sandra : «Au green care, je veux de la couleur»

Sandra a accepté de nous accueillir sur un site qui lui est cher, celui des Bioles. Une salle d’accueil flambant neuve, un apéritif qu’elle avait tenu à partager avec son hôte du jour et une pluie constante qui s’abattait sur les hauts de Conise : les conditions étaient réunies pour passer un agréable moment dans un des tout nouveaux local du foyer Tourmaline. Il ne manquait plus que la principale concernée, Sandra elle-même. Plongée dans un livre, elle n’a dans un premier temps pas souhaité se rendre à son rendez-vous, avant de se rétracter.

C’est que la résidente d’Aventurine avait aussi besoin de repos après sa rencontre avec le médecin et les activités du matin. Au programme de sa première partie de journée, l’entretien et l’analyse du jardin. «Sandra a cette capacité d’observation assez unique. Elle sait quoi cueillir et quoi planter en fonction de la période et de l’évolution de la plante», raconte la responsable du Green Care. «Ce matin, par exemple, j’ai remarqué qu’il était bientôt temps de semer les fameux haricots. Mais pas des haricots verts, surtout pas. Ici, il y a déjà bien assez de vert, argumente Sandra. Je veux des légumes de couleurs : de la chicorée rouge, des carottes de différentes couleurs… Des tomates, aussi : vertes, jaunes et rouges. Mais pas de zébrées, par contre. J’ai horreur de ça.»

Depuis le début

Avec Sandra, tout est passé au peigne fin. Elle a une vision claire de ce à quoi doit ressembler le jardin. Il faut dire que la résidente des Bioles connaît parfaitement les lieux, et que la nature lui est étroitement familière. « Je me sens bien ici. J’ai une très bonne relation avec les animaux. Et puis, lors de mes débuts à Concise, c’était du sept jours sur sept. Les choses ont désormais bien changé, c’est un peu plus calme. On peut se reposer le week-end. »

Sandra se souvient d’ailleurs très bien de son arrivée. C’était en 2002, lors du prélude des Bioles. «Avec Walther, l’ancien propriétaire du site, on passait de bons moments ensemble à fabriquer du fromage. Dire que c’était mieux avant ou maintenant ? Difficile à dire, il s’agit de deux époques différentes. Aujourd’hui, avec ce virus, les éducateurs n’ont plus le droit de partager les repas avec les résidents. Ça, c’est quelque chose qui me manque. Mais bon, que voulez-vous. Ces faits-là ne dépendent pas de nous.»

Curieuse et plutôt solitaire

Certaines choses l’irritent. La distance qui s’est installée avec les éducateurs en fait partie. Les invités qui débarquent sans cadeau ont également tendance à la contrarier. Pour avoir été son interlocuteur, j’en ai fait l’expérience. En fait, si Sandra insiste particulièrement sur ce point, c’est qu’elle s’apprête à souffler ses cinquante bougies l’année prochaine. Et elle tient à marquer le coup. «La prochaine fois que vous venez me voir, vous m’apporterez un cadeau, n’est-ce pas ? Avez-vous déjà une idée ? Sachez que j’adore les porte-clefs !»

Sandra, elle le dit elle-même, est d’un naturel curieux. «Je suis intéressée à savoir plein de choses, c’est aussi pour ça que je vous pose des questions. Au foyer, je suis plutôt quelqu’un de solitaire, j’aime faire les choses dans mon coin. En plus de la lecture, j’adore regarder des documentaires. Ceux qui traitent des animaux ou encore ceux qui présentent des pays étrangers.» Et avec les autres résidents des Bioles ? «La relation n’est pas toujours facile, surtout quand ils s’énervent. Parfois ça arrive et je ne suis vraiment pas à l’aise. C’était le cas lorsqu’un résident a lancé des plantes en bas les escaliers.»

Sa deuxième partie de journée s’annonce plus calme. Sandra risque de la passer aux côtés des animaux du site, à savoir trois moutons et deux ânes. «Bientôt nous aurons d’autres animaux. Des cochons devraient rejoindre la ferme. Et des chevaux, peut-être.» Aux Bioles depuis près de vingt ans, elle connaît parfaitement la maison. Tout comme les projets à venir de l’institution.