Bonne retraite, Patricia Alexis !
Patricia Alexis est arrivée à la Fondation St-George il y a plus de quinze ans, en 2005. Jeudi 15 avril dernier, elle a prodigué sa dernière journée de thérapie d’art de la parole à l’institution. Un moment qu’elle a tenu à apprécier, avant son départ en retraite. Nous l’avons rencontrée au terme de cette ultime séance.
Patricia, expliquez-nous comment vous êtes arrivée à la Fondation en 2005 et avec quel objectif ?
A cette époque, je travaillais encore à La Branche, à Savigny. L’infirmière et le médecin qui étaient ici m’avaient contactée, avec la volonté de développer leur panel de thérapies anthroposophiques. Ici, j’ai été engagée comme thérapeute de la parole, avec comme but d’accompagner individuellement ceux que l’on appelait autrefois les «Compagnons». Un très joli nom, n’est-ce pas ?
Effectivement ! Et une thérapie avec Patricia, ça ressemblait à quoi exactement ? Quel a été votre fil conducteur tout au long de votre carrière ?
Il faut savoir que la méthode que j’ai apprise se base principalement sur le développement des capacités artistiques des patients, elle a donc peu à voir avec ce que l’on peut trouver en logopédie, par exemple. Dans ma formation thérapeutique, même les connaissances médicales sont inspirées et sont transmises à travers une approche artistique (ce qui est difficile à comprendre pour la pensée scientifique, mais l’est beaucoup moins pour la pensée holistique !) Les exercices qui m’ont accompagné dans ce développement personnel ont servi de base à mon travail avec les résidents. Mais chaque situation particulière a bien sûr exigé une métamorphose perpétuelle de cette base. Très souvent, les exercices ont été une co-création entre le résident et la thérapeute. Du fait de son aspect holistique, la thérapie par l’art de la parole n’en reste pas à la bouche, à la langue, à la tête, ni même aux poumons. Elle invite le patient à ressentir la parole dans son corps tout entier et cela se fait par exemple à travers des gestes – soutenus ou non par des balles, des bâtons ou autres -, à travers des rythmes, etc. Mais parler d’une expérience n’est pas encore la faire : je préfère toujours la pratique. Mettons-nous debout et essayons, tiens !
On imagine que le but premier de ces thérapies n’est pas seulement d’améliorer la diction du résident.
Bien entendu. Il y a le côté pratique, mais aussi le développement personnel. Imaginez que tout ce que vous vivez, vous ne puissiez l’exprimer. L’expression fait partie intégrante de l’individualité de la personne. L’objectif était aussi de parvenir à être un peu plus dans la maîtrise de son corps, de sa mobilité fine. Et aussi de gagner en confiance en soi.
Certaines choses réalisées à St-George vous rendent-elles fière aujourd’hui avec un peu de recul ?
Je suis contente de certaines choses, mais le mot fierté n’est pas adéquat. Car en fait, je ne travaille pas seule. Ce que je fais, c’est une pièce de plus qui s’imbrique avec celles des autres : celle des éducateurs, des thérapeutes, des cuisiniers, de la femme de ménage, de l’administration, etc. De toute cette vie sociale qui entoure le résident. Maintenant oui, dans une thérapie, il y a des moments de joie énormes. Des instants qui peuvent durer deux secondes. C’est le cas par exemple lorsqu’un résident apparaît tout à coup plus lumineux, plus clair, plus présent. A cet instant, j’ai le sentiment que le moyen choisi pour l’aider était le bon. Que je l’ai aidé à vivre quelque chose.
Finalement, est-ce que les résidents vont vous manquer ?
Aujourd’hui (ndlr : jeudi 15 avril) leur dire au revoir… c’était fort. Le lien que j’ai pu tisser avec eux, au cours de ces années, c’est un acquis, et je l’emporte comme un cadeau. Et je sais qu’ils peuvent profiter à St George d’une prise en charge très variée. Quant à moi, je ne sais pas ce qui m’attend après cette séparation. Mais tout le monde part en retraite… Aujourd’hui, c’est mon tour.
Merci pour tout, Patricia !
Bonne retraite